Nuage Fantomatique ▬ J'ai appris la vie dans le silence de la mort.

p s y c h o l o g i e • 5 lignes minimum Souvent silencieux, toujours discret, tu connais l'art de disparaître dans le décor comme personne. Observateur silencieux, tu laisses ton ouïe aiguisée et tes yeux perçants traîner aux alentours. Curieux de nature, tu aimes être au courant de tout, et tu ne supportes pas que tes questionnements restent sans réponses. Tes traits constamment impassibles ne sont en réalité qu'un masque. Mais tu le porte depuis tellement longtemps que tu as toi même oublié quand exactement il s'est installé. Pourtant, au fond de toi, un cœur doux et frémissant se dissimule. Tu ressens trop de sentiments et d'émotions, tout te blesse trop fort n'est ce pas? Alors pour effacer cette hypersensibilité, tu as préféré construire des murs, une forteresse infranchissable. Et tu es piégé maintenant, loin des autres. Ta sensibilité et ta générosité sont pourtant bien là. Tu n'hésiteras pas à donner à un voyageur égaré une pièce de viande qui tu aurais dû réserver à ton Clan. Pacifique, tu ne comprends pas les rivalités claniques et tu as préféré la voie de guérisseur. La loyauté à ton clan ne veut pas dire grand chose pour toi, avouons le. Pourtant, tu es très attaché à tes proches, même si ils sont peu nombreux. Lorsque des brèches se forment dans ta forteresse, tu ne prends pas la peine de les reboucher, certaines personnes arrivent donc parfois à y entrer, et apprennent à te connaitre. Celles ci, tu ne les trahira jamais. Pour finir, ta foi pour tes ancêtres est inébranlable. Tu les respectes plus que tout, mais cela ne veut pas dire que tu sacrifies pour eux ta capacité de jugement. Intelligent, tu restes libre de tes propres choix.

p h y s i q u e • 5 lignes minimum Ta mère a bien dû te le répéter une centaine de fois lorsque tu n'étais qu'un chaton bondissant: Ton pelage est d'une douceur sans égale. Les poils ébouriffés sont loin d'être lisses, mais ils sont très fin et léger, ce qui rend ta fourrure peu épaisse, la faisant ressembler à un duvet. Cela t'amène d'ailleurs bien des difficultés lorsque les degrés descendent en hiver. La couleur gris pâle de ta robe t'aide à ne pas de faire remarquer. Elle parait très commune, mais si on n'y regarde d'un peu plus près, on remarque des striures noires sur ton dos, tes flancs et ton front. Tes pattes, et ta queue, elles, sont blanches avec des parties pus grises rayées de noires. Ton ventre et ton menton sont d'un gris perle qui parait presque blanc. Tu es fin, et ta silhouette est plutôt élancée. Pourtant, on ne peut pas dire que tu sois très gracieux ou adroit, au contraire, tu es plutôt pataud. Tes pattes sont plutôt longues, ce qui te permet de dépasser les autres apprentis d'une demi tête. Pour finir, parlons de tes yeux, ces deux abysses profondes qui paraissent sonder l'âme des individus qui ont le malheur de se retrouver piégé dans leurs faisceau. Taillés en formes d'amande, leurs couleur n'est pas facilement définissable, changeante selon la luminosité. De ce fait, au petit matin gris, ils paraîtront d'un beau bleu/gris scintillants. Dans la neige blanche, ils refléteront la lumière  et paraîtront d'un insaisissable bleu de glace. Enfin, lors d'un chatoyant coucher de soleil, ils se pareront de magnifiques reflets émeraude, envoûtants et saisissants.

h i s t o i r e • 10 lignes minimum Nuage Fantomatique peine à s'endormir. Cette nuit encore, il ressassera le passé, perdu dans les méandres de ses souvenirs. ▬

Cette odeur apaisante et aimante qui emplit sa narine maintenant, Petit Fantôme s'en rappellera toute sa vie. Si il ouvrait les yeux maintenant, il verrait la belle et douce fourrure sombre de sa mère, Berceuse Nocturne. Il lèverait les yeux très haut, et croiserai ses beaux yeux émeraudes taillés en amande. Près de lui, sa petite sœur blanche et noire gémit. Petit Fantôme se tourne vers elle, les yeux toujours fermés. Il les a ouvert une seule fois pour l'instant, quelques minutes après sa naissance. C'était trop d'efforts, et la douce obscurité est bien plus reposante. Petit Mélodie, car c'est ainsi que se nomme sa sœur, elle,  a ouvert les yeux et ne veut plus les fermer. "Elle se sent déjà l'âme d'une aventurière" a prononcé Berceuse Nocturne en ronronnant. Petit Fantôme ne sait pas trop ce que cela veut dire, mais il sait que lui, n'aura pas "l'âme d'un aventurier". ▬

Il fait froid, tellement froid...Petit Fantôme frissonne et se rapproche autant qu'il le peut du ventre chaud de sa maman, qui l'entoure de sa queue. Serrée contre lui, il sent que Petite Mélodie tremble de tous ses membres. Elle éternue, puis se met à tousser sans s'arrêter. Berceuse Nocturne se lève et part lécher la fourrure hérissée de sa fille. Soudain, l'odeur de la peur envahit la pouponnière, et Petit Fantôme ouvre les yeux, inquiet lui aussi. Il regarde sa mère sortir en trombe de la tanière et appeler à grand cris le guérisseur du moment. Une grande agitation envahit soudainement le camp, tout va trop vite pour Petit Fantôme, mais il arrive à saisir quelques bribes de conversation. Fièvre, toux tremblements...Tous ces termes reviennent dans chaque conversation. Cela suffit au chaton désemparé pour comprendre une chose. Sa sœur, la boule de poil énergique, la malice incarnée, l'aventurière qui voulait découvrir le monde, sa compagne de jeux, son contraire, mais pourtant sa jumelle d'âme, Petite Mélodie a le mal vert. Et le chaton sait déjà qu'à cet âge, c'est mortel.

Depuis la mort de Petite Mélodie, deux lunes plus tôt, Nuage Fantomatique se sent bien seul. Il a choisit la voie des plantes et de la médecine, se liant à tout jamais aux ancêtres de la toison argentée. Certains se battent contre des guerriers de crocs et de griffes, lui devra se servir de ses compétences pour contrer un ennemi insaisissable et invisible. L'apprenti guérisseur apporte bien souvent des graines de pavot à sa mère, Berceuse Nocturne qui a rejoint la tanière des anciens peu de temps après la mort de sa fille. Elle n'a que 43 lunes, mais la femelle a parut en prendre une trentaine en quelques heures après l'enterrement de Petite Mélodie. Ses yeux hagards sont constamment perdus dans le vague, cherchant sans cesse une présence qui n'est plus. Elle ne voit plus son fils, ni personne. Pour elle, Nuage Fantomatique n'est que l'apprenti guérisseur qui peut lui amener un remède qui lui permettra de sombrer dans un profond sommeil pour pouvoir échapper au monde quelques heures. Parfois, le chat gris se dit que ce devrait être elle qui devrait porter le mot Fantôme dans son nom. Car en effet, Berceuse Nocturne paraît déjà morte.

C'était un morne matin gris, où le brouillard s'étendait dans la pinède. Nuage Fantomatique n'arrivait plus à se rendormir, et il s'était étendu près de l'antre du guérisseur, observant d'un air impassible le camp endormi, l'oreille frémissante au moindre bruit. Sans prévenir, une silhouette gracieuse sortit d'une tanière non loin, ombre silencieuse et fantomatique. Elle se glissa sans un bruit hors du camp, et dans son regard vitreux luisait, derrière un éclat de folie, une dernière étincelle de détermination. Nuage Fantomatique ne tenta pas un geste pour l'arrêter. Pourtant, il avait l'intime conviction que c'était la dernière fois qu'il voyait Berceuse Nocturne. Aujourd'hui encore, il ne sait pas pourquoi il n'a rien fait pour empêcher son geste. Peut être est-ce la rancoeur, ou la déception. Un amour trop fort qui s'était transformé en désespoir pour la mère qui ne s'était plus occupée de lui. Il ne sait pas.
Toujours est il que la patrouille de l'aube à retrouvé le corps de Brise Nocturne dans une crevasse assez profonde. Personne ne le prononça distinctement, mais chacun pensait au fond la même chose. Berceuse Nocturne savait ce qu'elle faisait, et sa mort n'avait rien d'un accident. Elle avait mit fin à ses jours, emportant avec elle l'espoir de Ghost de retrouver un jour sa mère qu'il aimait tant, lui faisant connaître la honte, l'accablant de remords. Nuage Fantomatique s'en voudra sûrement toute sa vie, et il se répète chaque matin qu'il mériterait d'être à la place de sa mère. C'est ainsi que le jeune chat s'enfonça de plus en plus dans le silence, s'effaçant aux yeux du monde.

Voilà. C'était ici qu'il était maintenant, Nuage Fantomatique. Pathetique, il était pathétique. L'apprenti gris soupira, épuisé. Et l'esprit tourmenté par son passé et sa solitude, il sombra enfin dans le sommeil.