Je ferai de mon mieux, je te le promet,
mais je ne peux rien te garantir..
Ce matin là, il faisait particulièrement chaud, et Pattes Pourpres s’était réveillé de bonne heure. Les rayons zinzolins de l’aube inondaient la carrière de pierre qui, petit à petit, commençait à s’agiter au rythme des chat qui émergeait doucement des tanières. La température avait beau être gênante, cette dernière n’empêchait pas les chatons à peine levés d’être insupportablement énergique, au grand désarrois de la garçonne grommelante. Ces gamins courrait partout, criait, gémissait, pleurait, riait, s’entre-sautaient les uns sur les autres avec une espèce d’euphorie stupide propre à leur âge. Cependant, Patte Pourpres, qui était elle aussi une petite, ne partageait pas du tout leur joie.
~ « Vous voulez pas vous la fermer un peu ? Vos mères dorment encore, vous voulez les réveiller ? »
Indifférent à la mauvaise humeur de la petite femelle pourpre, les enfants reprenaient leurs passionnantes bêtises qui semblaient avoir un intérêt bien plus important que le repos de leurs mères respectives. Furieuse d’avoir été ignorée, la chatonne quitta la tanière en tapant des pattes. Bah, ce n’était pas grave si ces mômes se faisait violemment rembarrer par leur génitrice, ça n’allait pas leur faire de mal de se prendre une correction ( bien méritée ). Après tout, personne n’avait le droit d’ignorer la petite diva que Pattes Pourpres était, et le karma avait l’air d’être de son côté, car une poignée de minutes plus tard, elle entendit les grognements furieux des matronnes qui avaient visiblement elles aussi subit le même réveille désagréable que Pattes Pourpres, ce qui entraîna aussitôt un léger rictus satisfait de la petite. La vie était bien conçu, après tout.
Après avoir piqué une proie sur le tas de gibier, Pattes Pourpres se posa dans un coin de la carrière indigo pour goûter à la chair tendre de son repas. Elle avait hâte de pouvoir un jour poser le fruit de son travail dans la réserve et ainsi apporter -enfin- quelque chose à son Clan. Enfin, si ce dernier la laissait devenir chasseuse.
Cette pensée lui rappela le rendez-vous qui devait avoir lieu dans la journée avec la guérisseuse du Ciel. Cette chatte n’avait pas intérêt à handicapé la petite dans son apprentissage. « Elle ne peut pas devenir guerrière enfin ! Elle est trop infirme ! » Mais oui, c’est cela, tâte de mes griffes un peu pour voir. Nous verrons bien qui aura raison, en fin de compte.
La petite était, au fur et à mesure du temps, devenue quasi-paranoïaque, vis à vis de son handicap. Elle se méfiait de tous les chats qui pouvait l’empêcher d’accéder à son rêve de toujours. Et cette guérisseuse était justement la mieux placée pour lui mettre des bâtons dans les roues. De quel droit cette femelle, qui n’avait même pas été fichu de venir dans la pouponnière pour l’osculter , se permettrait-elle de modifier le cours de la vie de Pattes Pourpres ? Sur cette pensée, la petite se rendit dans la tanière de Fleur Lunaire.
La tanière de la guérisseuse frappa immédiatement Pattes Pourpres par son excentricité. Une douce odeur de plantes embaumait l’antre, et étrangement, une ambiance mystérieuse flottait dans l’air. Peut être cette dernière était dû aux innombrables vies qui avaient pris fin dans cette endroit ? Ou peut être simplement que les murs de pierre de la grotte, gonflés de sagesse et vieilli par le temps, épousaient parfaitement chaque son, tout en le rendant mystique simplement par la puissance des lunes ?
La petite, impressionnée par la loge de Fleur Lunaire, s’approcha à pas de velours de la guérisseuse qui lui faisait dos, plonger dans ses remèdes. Sans doute, la chatonne craignait-elle de déranger les esprits endormis d’anciens savants qui avaient vécu ici il y a des saisons. Malgré la discrétion de Pattes Pourpres, la femelle tigrée, comme si la grotte lui avait murmurer la présence de la petite, tourna le tête vers elle, la fixant intensément de ses grands yeux.
~ « ..Bonjour Fleur Lunaire.. » chuchota Pattes Pourpres, après un long moment de flottement mystérieux entre les deux chattes.
C’est une sorcière, ou une fée ? Se demanda la garçonne
La réponse était simple ; aucune des deux.