La mort est une chanson douce
IL
Il avait mal, très mal. Son existence juvénile était maintenant terminée. Il allait avoir le droit au repos éternel. Il avait suffi d'une gorgée de poison pour en finir. Nul dans ce monde ne savait la cause de son décès. Un dernier spasme, et voilà. Son corps gisait dans une forêt sombre, laissant une chouette hululer dans ce soir blafard. Bien blond, aux yeux céruléens. Il avait la quinzaine d'années. Sa peau sans impuretés était pâle et commençait à luire au clair de la lune, sentinelle de la nuit. Il était autour d'une grande clairière. Une arborescence de dentelle, la forêt, donnait une valse par ces branches si agitées. Non bien loin, des voies retentirent, si faiblement qu'on n’entendait que des brides de paroles. «V..s cr...yez ?
-.H..l.s, je n'... p..s l.. ch..x »
Une silhouette était blanche, c'était un fantôme, une femme de la soixantaine. L'autre était froid, si froid et sec que son teint était marmoréen. Un homme, lui dans les quarante ans aux cheveux grisonnants. Les personnes se rapprochaient, on distinguait maintenant avec aisance la conversation. « Vous êtes donc sur de votre décision, conclut la femme.
- Oui, moi je ne peux plus rien pour lui, vous, si. Il est le seul à pouvoir vous sauver.
- J'en suis consciente, merci pour tout.
- Oui. J... Je peux lui dire adieu ?, risqua t-il.
- Bien sûr, allez-y. »
L'astre terrestre était maintenant à son zénith. Des fantômes pareils à la dame blanche sortirent de nulle part, bavardant avec entrain. Le bal astral que donnaient les étoiles faisait un joli assortiment avec la couleur cassée des êtres opalescents.
L’homme se fraya un chemin dans l’assemblée, plongeant parmi les ombres blanches. Ces dernières s’égaillèrent en murmurant, révélant une silhouette diaphane allongée par terre, inerte. Il s’agenouilla. Il aurait voulu tendre la main, toucher, mais il n’osait pas : d’un corps ne restait que la peau. Juste une couche fine d’épiderme. Un fantôme posé à même le sol. Un faible voile se leva du cadavre. Il devint vite plus distinct, laissant découvrir un adolescent. Il regardait tout autour de lui, curieux de voir ce décor sylvain, ces curieuses personnes, avant de découvrir lui-même qu'il était un esprit, un fantôme. Le garçon fut d'abord surpris, puis heureux, ses yeux brillaient de joie. Il se leva, extatique. Il voulait parler mais aucun son de sortait de sa bouche. Il se leva et remarqua qu'il passait à travers les tiges d'herbe. Quand le garçon leva la tête, il vit l'homme, et toute joie disparu dans son regard. L'adulte commença : « Fils, adieu, tu vas me manquer. Tu dois maintenant accomplir une tâche que seul toi peux faire. Bienvenue au domaine des fantômes, tu es maintenant des leurs. Vas et découvre ce monde que j'ai jadis connu.
- Père...
- Chut, garde tes forces, tu en as beaucoup perdu à ta mort. »
C'est ainsi que le père fendit la foule, laissant les larmes rouler dans le creux de sa joue. Il détestait les adieux, mais surtout il détestait le Royaume de la Nuit Éternelle.
JE
« Eugène ? Eugène ! Eugène... »
J'ouvris les yeux, je fus surpris de mon apathie à me lever. Regardant mes mains pâles, je me souvins de tout, j'étais maintenant un fantôme. Une dame m'appelait, mais ce n'était pas mon prénom... je me prénommais Léo, moi. Pourtant la femme (je lui donnerais la soixantaine) était elle aussi diaphane (je devais ma résoudre à ne voir que ça durant le restant de mes j... de mon séjour ici) me regardait avec insistance. Je pris alors la parole: « Je suis Léo, pas Eugène.
- Je le sais bien, mais ici chaque être doit changer de prénom pour effacer sa vie de vivant. Maintenant vous vous appellerez Eugène.
- Pas de nom de famille ?
- Pas de nom de famille. »
Ok... Chaos Léonidas Alexandre Apoln, salut à toi Eugène. A vrai dire, je l'aimais bien ce prénom. Mais là n'était pas la question, qui était-elle ?
« Pardonnez-moi mais j'aimerais connaître votre nom et votre raison d'être ici.
-.Bien sûr... Je n'ai pas de nom, je suis la gardienne du Royaume de la Nuit Éternelle. C'est notre royaume, le monde des morts. Enfin, pas tout à fait. Les fantômes ne montent pas au ciel, de moins, pas tout de suite. Ils ont un problème qu'ils n'ont pas réglé, et qui les tracassent. Ils restent donc ici, dans ce royaume, essayant de résoudre leurs problèmes. Une fois cela fait, ils peuvent reposer en paix. Ici, il n'y a pas de règles, tout est possible. Mais VOUS, vous avez une chose à faire. Un grand danger menace le royaume, et vous, descendant de Louis Apoln, êtes le seul à pouvoir nous sauver. Mais ne pensez pas à ça pour le moment, allez découvrir ce monde merveilleux. Allez, filez. »
Je ne demandais que ça. Alors comme ça j'étais un héros, mais je ne suis pas taillé pour ça en tout cas. Grand, maigre, seize ans, sans muscles. Et pas très masculin. Je suis blond avec les cheveux attachés en queue de cheval. J'ai aussi des belles boucles dorées attachées aux oreilles. Mon père m'avais toujours dit qu'avec ma barbe, j'avais un style viril et efféminé à la fois. C'est un peu vrai.
Je marchais donc vers le monde devant moi, ma nouvelle "vie" commençait.
Je vis un garçon de mon âge, un beau brun aux yeux gris. Il déclara: « Salut toi ! Un nouveau ? Génial ! Je m'appelle Baltazar ! Mais tout le monde me nomme Bal. Toi c'est quoi ton nom ?
- L... Eugène.
- Trop beau comme nom ! Tiens, je te présente Liin. Elle est de 1943, un truc comme ça.
- Oui, j'ai dix-sept ans, et lui dix-huit, expliqua t-elle.
- Ok, je suis le plus jeune alors, seize printemps.
- Trop cool ! Viens, je vais te présenter ta maison ! , lança gaiement Bal. »
Je n'allais pas mentir, j'avais un faible pour Liin. Elle était si belle, blonde bouclée, robe bleu pâle, yeux aux teintes marines, très belle. La forêt était magnifique, devant il y avait une piscine. Apparemment les fantômes pouvaient quand même se baigner. Il y avait un gars qui s'empiffrait de bonbons. Bal reprit: « Tout ici est de l'imagination des gens, dès que tu veux un truc matériel, il apparaît devant toi !
- Vraiment ?
- Et oui, répondit Liin, essaye pour voir. »
Une veste blanche tomba de nulle part devant mes pieds, stupéfiant ! Nous marchâmes encore un moment. La forêt était quittée pour... magnifique ! Une lande qui inspirait les pays celtiques ! Mon rêve ! J'avais toujours voulu habiter en Irlande, au bord de la mer salée et grise, belle et dangereuse. Des maisons traditionnelles en chaume se tenaient là. Le soleil brillait et un vend tiède et salé soufflait vers le nord. Comme pour me sortir de mes pensées, Bal s'écria en me donnant un tape à l'épaule: « T'as vu c'est trop beau ! Un vrai petit coin de paradis. Tu choisis ton endroit, toi apparemment tu aimes cet endroit, c'est là que j'habite avec Liin, on est voisins. Ta maison ça doit être elle, elle est apparue il y a vingt minutes.
- ... Waaah...
- Ouais, t'as vu hein ! Génial ! Bon, on te laisse à tes occupations, décore ta baraque comme tu veux ! »
Parfait ! J'entre dans ma maison, petite mais chaleureuse, génial ! Par ma pensée, je mets une harpe celtique. Je joue de la harpe depuis mes trois ans. Je suis tombé amoureux des pays et de la musique celtique à onze ans, depuis elle fait partie de ma vie. J'ajoute le nécessaire, puis de quoi décorer, des tableaux, des fleurs et enfin des recueils de musique celtiques. Parfait, je n'avais pas besoins d'autre chose. Je décida donc d'aller dessiner et écrire des poèmes aux falaises qu'il y avait avant le littoral. En sortant de ma maison, je me rendis compte qu’il n’y avait pas de serrure. Surement parce que ça ne sert à rien de voler quelque chose ici. Quel drôle d’endroit quand même !
Marchant sur le gros sable, je me remémorai les évènements. Pour cause de harcèlement, j’avais pris une gorgée de poison. Ensuite, tout devint noir. Puis, j’ai ouvert les yeux dans une forêt, la forêt. Mon père… il n’était pas mort ! Comment a-t-il pu aller ici pour me dire au revoir ? Et comment savait-il que… Il n’était pas en colère, il était juste triste. Triste de n’avoir pas lu la détresse dans son fils ? Triste de ne pas avoir pu arranger les choses ? Sans doute. Il avait dit qu’il avait autrefois connu ce monde, mais il n’avait pas pu mourir. Très étrange.
Ensuite, la gardienne du monde des morts, le royaume de la Nuit Eternelle, m’a dit que j’avais les fantômes entre mes mains, que j’étais le descendant de Louis Apoln. Je n’ai pas eu de Louis dans ma famille. Peut-être John… John était le père de mon père, mon grand-père. Je ne l’ai jamais connu, mon père l’a perdu à 13 ans. Lui aussi est allé ici pour régler son problème avant d’aller à l’au-delà ? Pourquoi avait-il marqué ce monde ? Qu’avait-il fait ? Quel était le rapport entre moi et lui à part la parenté ? Toutes ses questions me faisaient mal à la tête, alors je décida de faire une petite sieste. Après tout, on était la nuit !
Le soleil me caressait doucement le visage, réchauffant mes joues. C’était le matin, un oiseau chantait doucement, comme un réveil. Lui aussi était un fantôme ? Oui, c’est sûr. Mes cheveux étaient maintenant pleins de sable, j’allais donc me baigner. Un homme nageait plus loin avec une énergie phénoménale. Je lui questionnai : « Bonjour ! Comment est l’eau ?
- Glacée comme il faut !
- Ok… merci. »
Génial. Moi qui aurais aimé avoir une eau bien chaude… Tant pis. En courant dans l’eau claire, je me rendis compte qu’elle était très bonne, la température variait selon les envies de chacun.
Je resta longtemps sous l’eau à regarder les poissons… fantômes. Comme je n’avais plus besoins de respirer, c’était très agréable. La vie était si belle quand on était fantôme ! Dommage qu’une menace plane et que je dois sauver ce monde, moi j’aimerais bien rester là, à avoir tout ce que je veux… Mais c’était égoïste !
« Salut toi ! Bien dormi ?
- Pu… Bal tu m’as fait hyper peur ! Fait gaffe !
- Hahaha ! La forme ? On dirait que t’as vu en fantôme ! Hahaha ! Je suis drôle moi !
- Ouais… C’est très agréable de nager ici.
- Ouais t’as vu ! Viens, il y a Liin qui nous attend chez elle. On est invités.
- Cool ! »
La maison de Liin était très belle. Le bleu pâle y trônait. On devinait sans peine que c’était sa couleur préférée. Il y avait une clarinette posée sur la table, elle aussi en ébène. Ma tasse de thé à ma main, je lança : « C’était quoi ton nom avant de mourir Liin ?
- Alice, et toi ?
- Léo, Bal ?
- Hein ? , il n’avait pas l’air très concentré sur la conversation, plutôt sur sa bague, Ouais moi c’était Jack.
- Cool comme noms, complimentait-je.
- De quoi es-tu mort ? , m’interrogea Liin.
- Harcèlement scolaire. Je ne pouvais plus continuer comme ça.
- Hoo triste, soupira Bal, Moi c’est sur le Titanic ! J’étais dans les derniers avec les hommes, et… il n’y avait plus de place…
- Moi c’était par un chagrin d’amour, expliqua Liin, j’étais tombé amoureuse d’un garçon qui est mort…
- Désolé…, dis-je, gênée.
- L’essentiel c’est qu’on soit heureux ici. C’est mon cas, s’enjoua la fille comme pour se rassurer elle-même.
- Et… C’est quoi le problème qui vous cloue ici ? , risquais-je.
- Moi…, commença Bal, c’était parce que je n’ai pas pu sauver mon petit frère. Je l’ai perdu au sous-sol du bateau et je ne l’ai pas retrouvé ! Il est mort par ma faute !
- Mais non ! , répliquais-je, tu as surement fait de ton mieux ! J’en suis sur !
- Ouais…, marmonna Bal, peu convaincu, Au fait Liin, tu m’as jamais dit ton problème à toi !
- Oh, j’ignore ce qu’est devenu ma famille, elle tenait tellement à moi…
- Et TOI Eugène, c’est quoi ?
- Je… Je ne sais pas…»
C’était vrai, quel était le problème qui me gardait ici. Je leur fis signe d’un au revoir avant de regagner ma demeure.
Il était treize heures passées et je n’avais toujours pas faim, normal. Enfin, normal pour un fantôme. Pour la première fois depuis que je suis ici, je m’ennuyais. Pourquoi ne pas aller voir la gardienne du royaume ? Tiens, si c’est un royaume, il y a un roy, ou plutôt un roi. Je décida d’aller à la clairière de la forêt où je suis apparu la nuit dernière. Il n’y avait pas autant de monde que la fois précédente mais un petit groupe d’adultes discutaient et mangeaient assis sur l’herbe. Me décidant à leur demande un éventuel palais, je tenta : « Bien le bonjour, où se trouve la résidence du Roi ?
- Tu vas bien gamin ? Il n’y a que la gardienne et ses conseillers qui dirigent le royaume, il n’y a pas de roi, expliqua un homme brun
- Mais… Pourquoi un royaume ?
- C’est un vieux nom qu’on donnait à ce monde avant… sous Louis…, marmonna une femme qui avait écouté la conversation avec intérêt.
- Romane, il n’est pas correct de lui raconter tout ça, lui coupa l’homme, c’est la gardienne qui doit tout lui expliquer.
- Oui, pardon Robert. Mon garçon, ses appartements ainsi que son bureau est à l’est, après la grande ville, indiqua Romane.
- Merci beaucoup, et enchanté de vous avoir rencontré, souris-je. »
Je le dirigea donc vers l’est de la forêt, qui était un peu plus flippant et dense.
A faire froid dans le dos, cet endroit-là. Un loup hurlait, ce qui n’arrangeait rien à ma peur. Et si, même fantôme, je pouvais… je ne sais pas, perdre mon âme ? Il n’y avait personne, et aucune indication, pas de panneau, pas de chemins. Juste des fougères à perte de vue, des arbres sombres ne laissant pas passer la lumière. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé mais je sombra dans les bras de Morphée.
J’eu dormi sans songes, une sieste lourde, sans intérêts. Et quand je me réveilla j’étais toujours aussi fatigué. Je n’étais plus dans une forêt dense mais dans un village où l’on voyait l’orée de la forêt ainsi que la grande ville. Pas très paisible pour la nuit ces maisons. Un homme vêtu de noir s’approcha de moi et me saisi comme un vulgaire sac-à-patates et me déposa devant la plus grande bâtisse du bourg, quelque chose me dit que c’est là que loge la gardienne.
Belle maison, moi je vous le dis. L’entrée était faite principalement de marbre blanc, très chic, presque aussi pur que le fameux marbre athénien. Deux autres hommes en noir gardaient la pièce. Sur les murs, des peintures de Picasso, Dali, Gauguin, Matisse, et bien d’autre de l’art en tableaux. Elle avait bon goût, ou alors elle fait confiance à un designeur. Tiens, la voilà d’ailleurs.
De sa démarche habituelle, très simple, la gardienne avançait, ses cheveux blonds brillaient au soleil qui passait à travers les carreaux de la salle. Elle me fixait sans étonnement, comme si elle savait que j’allais lui rendre visite. Ce fut elle qui engagea la conversation : « Eugène.
- Madame la gardienne.
- Comment vas-tu ?
- Bien, merci.
- Tu as rencontré des gens ?
- Pleins, et j’ai sympathisé avec Liin et Bal… euh Baltazar je veux dire.
- Ah oui, ces deux-là… Bon, très bien, il est temps de passer aux choses sérieuses, je vais t’expliquer ce que tu as à savoir.
- Eum, d’accord, je vous écoute. »
J’avais remarqué qu’elle me tutoyait, hier soir c’était le vouvoiement qu’elle employait pour me parler.
« Il y a quelques années, vers 1970, un homme est arrivé. Dans sa vie, il se nommait John. Il avait une femme, et un fils, ton père. John… John était un brigand. Sa vie n’a pas été très nette. Il avait déjà tué. C’est ce genre de personne qui possède un traitement spécial quand elle arrive ici. A l’époque, je n’étais qu’un simple fantôme, un témoin de ce qu’il s’est passé. Ce monde n’était pas un royaume mais simplement un… monde. Il était gardé par le gardien, logique.
John est arrivé, et n’a jamais voulu accepter sa mort. Comme il était dangereux pour tous, le gardien a donné l’ordre de le prendre. Les fantômes ayants un passé criminel sont enfermé dans des cachots, avec des grilles infranchissables. Ils sont gardés là, à regarder l’éternité passer sans pouvoir régler leur problème, voilà une sentence adéquate. John fut nommé Louis. Il déclara qu’il voulait garder son nom de famille, Louis Apoln, donc.
Louis n’était pas du genre à se lamenter dans sa cellule, il voulait passer à l’action. C’est donc ainsi qu’il s’échappa de sa prison, et tout commença là il en avait fini.
Louis alla à la grande ville, et monta un petit groupe contre le système installé. On appela ces personnes les Louisien. Ils étudièrent en secret de la magie noire pour apprendre à voler les âmes. Une âme volée est une âme gâchée, tu n’existes plus, tu es le néant. Et c’est alors qu’il menaça le gardien d’aspirer l’âme des habitants du monde. Bien entendu, le gardien s’opposa contre Louis. Mais comment l’arrêter ? Lui et les Louisien avaient déjà aspiré des âmes, des innocents. Le gardien était perdu, il ne savait plus quoi faire. Et quand lui-même n’eut plus d’âme… Louis prit le pouvoir et créa le Royaume de la Nuit Eternelle. Si quelqu’un faisait un faux pas, il pouvait dire au revoir à son âme. La terreur fut comme ça pendant un moment. Puis… puis arriva un nouveau fantôme, il s’appelait Jean dans sa vie mais il se nommait ici Basile.
Basile ne s’attendait pas à voir son père, Louis, ici. En entendant son histoire, son paternel être aussi cruel, aussi odieux, il comprit qu’il avait UNE chose à faire. Mais pour réaliser cette chose, il fallait qu’il étudie sur ce monde. Il ouvrit alors de vieux grimoires, avant de noter une importante information.
Il lut qu’il y avait un monde parallèle au monde des fantômes. Un monde terrible, encore plus terrible que nos cachots. Mais il n’y avait que ça de marqué dans le livre, car personne n’y était allé avant. Il fallait que Basile enferme son père dans ce monde, mais comment ? Nul n’avait la solution, pourtant l’affrontement était maintenant inévitable. C’est donc ainsi qu’un matin, Louis et Basile étaient réunis à la clairière du bois.
Basile n’avait rien pour le battre. Enfin, c’est ce qu’on a cru, il avait caché son plan à tous. C’est donc comme ça que l’homme sorti de sa poche un simple pendentif qu’il jeta sur Louis, et ce dernier disparu avec ses sujets dans l’horrible monde parallèle, et on entendit plus parler de Louis Apoln et des Louisiens.
Pour récompenser le vaillant Basile, on lui redonna la vie pour élever son fils et aimer sa femme sous le nom de Jean.
Mais maintenant, une nouvelle menace plane sur le royaume. Deux fantômes criminels dans leur vie ont réussi par magie noire à avoir l’apparence de deux banals fantômes. Ils partagent les idées de Louis Apoln et veulent le retrouver dans le monde parallèle. Nous savons juste qu’il faut que tu ailles dans le monde parallèle (avec bien sur un moyen d’y sortir) et de sceller la prison de Louis pour que personne ne puisse le chercher. Tu n’as plus beaucoup de temps où c’est toi qui va manquer d’âme. »
Moi ? Sauver ce monde ? Je n’y arriverais jamais ! Je… Oh et puis zut, je ne vais pas re-mourir une deuxième fois, j’aime cet endroit et je ferais tout pour le protéger.
« D’accord madame ! J’irais ! Mais je peux prendre Liin et Bal p… Baltazar pardon, pour m’aider ?
- Il faut biens sur leur accord mais tu as le miens.
- Merci beaucoup madame
- Ah oui et ne traîne plus dans cette partie de forêt, on ne sait pas ce qu’il peut arriver. Le soleil tombe déjà, tu ferais mieux d’aller te coucher et tu pourras partir à l’aube. Et tu peux m’appeler Anne, tu sais.»
…
Génial.
Comme hier, le soleil me caresse les joues. Je le réveille près de mes amis qui ont donné leur participation au voyage.
Nous partons comme le disais Baudelaire sans vapeur et sans voiles vers le vaste monde qui s'étendait vers nous. Je crois savoir par où commencer : trouver l’emplacement du pendentif pour entrer et sortir du monde parallèle. Ensuite, il faut trouver la manière de sceller la prison de mon grand-père. Je crois savoir où trouver tout cela…
Avec mes amis, nous arrivons à la grande ville. Je ne l’avais jamais vu avant. On dirait un Times Square futuriste. Dans les diverses enseignes indiquées, une seule attire mon regard. On pouvait y lire « La magie blanche pour contrer la magie noire ». Bingo !
J’étais sûr de trouver ce que je voulais ici !
Bal ouvrit la porte qui émit un grincement peu commun qui laissa voir des tapis de toutes les couleurs et des encens. Un petit homme d’origine indienne semblait méditer. Quand un marmonna un bref « Bonjour », l’homme n’ouvrit qu’un œil et répondit d’un voie pensive : « Bonjour, quel est votre problème ?
- Euh… nous avons deux problèmes, en fait nous voulons connaître l'emplacement d'un pendentif très spécial et sceller une prison malfaisante.
- Je vois... Un pendentif qui peut ouvrir le monde parallèle ?
- C... Comment vous savez ?
- Je lis dans les pensées comme dans un livre ouvert, mon enfant. Je vais voir ce que je peux faire.»
L'homme ferma les yeux un instant puis entonnât des chants incompréhensibles, du moins pour nous trois, car lui paraissait sûr de ce qu'il disait. Très bizarre. Enfin ça a marché puisque après il a ouvert la bouche.
« Voyons voir... Pour le pendentif, il est caché dans un cachot du village de la gardienne... Ensuite... Ensuite pour sceller une prison d'un être maléfique... je ne sais pas, désolé...
- Ce n'est pas grave, dit Bal, vous nous avez tout de même aidés ! Par contre... vous n'avez pas des choses pour protéger du mauvais sort ?
- Tu crois peut être que j'en ai, mais non mes enfants, je ne peux rien faire de plus pour vous.
- Aucun problème monsieur, remercia Liin l'homme d'un sourire, votre indication nous sera précieuse.»
J'étais un peu déçu. L'homme m'a juste indiqué l'endroit où j'ai le plus peur dans ce monde. Même Bal avait peur ! En plus, je ne sais même pas comment sceller une prison. Et puis où se trouve-t-il précisément, ce foutu talisman ! Le soleil était à son zénith, il fallait se dépêcher. Moi, je ne suis pas volontaire pour chercher dans les cachots la nuit ! Oh mais j'y pense, il faudrait peut-être que j'explique quelques petites choses à mes amis.
« Au fait, Anne... La gardienne m'a dit qu'il ne fallait pas traîner dans la partie dense des bois je cite « On ne sait jamais ce qu'il peut t'arriver. ».
- Bah elle a raison, c'est dangereux, confirma Liin.
-AH BON ?, m'étonnais-je.
-Bah oui, des personnes sont allées là-bas et ne sont jamais revenues, c'est trop zarbi, expliqua Bal.
-Oh... j'y suis allé et je me suis évanoui, expliquais-je.
-C'est normal, quand tu as trop peur, tu t’évanouis, parce qu'ils sentent ta peur...
-De quoi ?
-De rien...»
Flippant. Ils me cachaient des choses. On voyait bien qu'il avait fait une gaffe. C'est... Je croyais qu'ils me faisaient confiance. Zut, encore une fois je reste ignorant. C'est un pénible, à force. Refusant de leur parler, légèrement vexé, je songea à notre chemin, et il n'y en avait pas quatre. On pouvait barrer la forêt. Il nous restait donc la ville, il fallait aller au sud.
Une fois arrivés, je me demandais si on ne devait pas aller parler à Anne avant d'aller aux cachots. Tant pis, Bal et Liin avaient l'air déterminés, ensemble. Puis je vis qu'ils ...se tenaient la main... Je me sentis encore plus frustré et vexé, Liin et Bal s'aimaient ! Et moi qui avais un faible pour Liin... Quel abrutit fini ! Mais pouvez-vous me dire ce que je fais avec eux ? Ils sont tellement bien ensemble ! Je ne vais pas m'incruster ! Sur tout pas !
Voyants que je courais loin d'eux, mes ex-amis crièrent mon nom, mais ce n'était pas mon nom. Je ne m’appelais pas Eugène ! J'étais Léo ! Léonidas Apoln ! Je n'avais pas besoin d'eux, je n'avais pas besoin de ce monde ! Je devais le sauver, mais je ne voyais pas de raisons à le faire. Moi, je vais régler mon problème, comme ça je pourrais aller d'en l'au-delà et être en paix. Tiens, je vais rentrer chez moi.
Un jour. Je suis resté un jour à broyer du noir dans ma chambre. J'avais tout perdu à aller ici, tout. Tant pis pour eux si ils vont tous avoir leur âmes aspirées ! J'en par-dessus marre ! J'ai envie de vivre ! Pas de rester ici !
Puis j’ai commencé à réfléchir à mon problème… Et je ne le trouvai pas. Et puis j’ai réfléchis sur un autre sujet, c’était stupide de me vexer pour cela, ils étaient tout de même mes amis. Je m’étais trompé et j’avais honte. Mais où sont-ils ?
Marchant partout dans le village, j’entendis mon nom : « Eugène ? Eugène ! »
Ils étaient là ! Quel bonheur ! Accourant vers eux, je vis leur regards se tourner vers moi et Bal s’écria : « Bah te voilà p’tite tête ! On te cherchait partout !
- Pardon… J’avais une chose à régler, menti-je.
- Ce n’est pas grave, on a pris le pendentif !, m’informa Liin.
- Génial ! Il était bien dans un cachot ?, les interrogèrent-je.
- Oui… c’est ça…, marmonna Bal.
- Il y a un problème, le-questionnais-je.
- Non non. »
Et bien, comme dirait Baltazar, il était « zarbi ». Ils me cachaient quelque chose. Tant pis, je ne veux plus me fâcher, on perd du temps. Je leur demanderais une fois le monde sauvé. Bon, maintenant, il fallait y aller…
Nous avons choisis la clairière où les nouveaux fantômes arrivaient. D’ailleurs, un vieillard était en train de se transformer en fantôme, mais il y avait moins de monde que le soir de mon arrivée. Serrant bien les mains de mes amis, tenant le pendentif je murmurai doucement : « Préparez-vous au décollage »
TU
Tu te réveilles, tu as froid. Tu regardes autour de toi et tu vois tes amis inertes, sans doutes dorment t-ils comme tu l’as fait. L’oiseau que tu entendais à la clairière n’était plus là. Seul un vent glacé soufflait dans ton dos.
Le ciel du monde était noir comme l’ébène et des épais nuages gris voilaient une boule lumineuse d’un étrange indigo. Au loin, des cris terrifiants retentissaient. Jamais tu n’avais entendu des cris comme ceux-là. Ils donnaient envie de donner fin à sa vie. Que je suis bête, tu es déjà mort. Tu cherchas du regard la prison de Louis Apoln pendant que tes amis ouvraient les yeux.
Tu repères vite ton grand-père parce que c’est ton portrait craché. Les mêmes yeux, la même corpulence, notre seule différence était qu’il avait les cheveux courts et pas toi. Son regard était un regard de pitié et de regrets. Désolé, tu vas devoir rester ici. Bal me secoua la manche et déclara : « Euh, Eugène, Liin et moi on a cherché et on a trouvé qu’il fallait répandre du sang d’un ancêtre du prisonnier autour de la cage.
- Je n’ai plus de sang.
- Regarde dans ta poche.»
Très étrange, tu avais maintenant une poche entière de sang dans mon jean ! Curieux, très curieux…
Tu répands le sang autour de la cage, il n’y pas grand effet. Puis quelqu’un t’étrangle et tout deviens noir.
Quand tu te réveilles, tu vois Bal et Liin en pleine discussion avec Louis. Mais… MAIS. Il se passait quoi, là ? Et puis d’on coup tu compris, Bal et Liin étaient ceux qui voulaient revoir Louis au pouvoir, c’était eux qui avaient utilisé de la magie noire pour avoir l’apparence d’un banal fantôme ! Eux seuls eux savaient que a forêt sombre était dangereuse, et Bal a fait une gaffe ! Quand tu es parti chez toi, les prisonniers des cachots leur ont donné le pendentif ! Ils s’étaient servis de toi pour libérer ton grand-père car seul toi pouvais le faire ! Depuis le début. Tu te sens trahit, idiot, seul, et perdu. Puis tu jettes le collier dans le néant. Plus personne n’ira faire du mal au royaume de la Nuit Éternelle, gentil ou méchant.